Château de Seneffe

exposition collective du 25 avril au 11 novembre 2015 au Domaine du Château de Seneffe

Quelle a été votre première fois à Seneffe ?
Il y a quelques années, à l’occasion d’une lecture de texte de mon ami Marcel Moreau donnée par le comédien Denis Lavant.

Quelle a été votre première impression en arrivant au domaine du château de Seneffe ?
Joli parc, dommage que tout y soit si « organisé ».

Le lieu vous a-t-il parlé, inspiré ou impressionné ?
Aucun des trois, l’architecture est dans la logique ostentatoire de nos homologues français dans laquelle je n’ai pas encore trouvé ma place.

Qu’est-ce qui est le plus difficile ici à Seneffe, pensez-vous ?
Je ne comprends pas la question.

Qu’avez-vous pensé du projet et cela vous a-t-il de suite suscité des « images » ?
Une promenade proche de la nature est toujours un argument de joie.

L’élément déclencheur pour participer à l’exposition a-t-il été le défi face au parc (élément naturel) et à la taille du support ou le sujet en tant que tel ?
La demande était au départ simple et charmante, ça me suffit amplement pour m’intéresser à l’autre.

L’œuvre (ou les) que vous avez choisi pour Seneffe, est-ce un nouveau défi, un coup de cœur, une envie de marquer le lieu, … ?
Je laisse les défis aux sportifs, les coups de cœur aux critiques, et aux tombes le soin de marquer le lieu.

Lorsque vous photographiez, pensez-vous nature, culture, architecture, ou humain ?
J’essaie de ne pas savoir… l’essentiel est de sentir ce qui est là.

Le jardin (voire la nature) est-ce un élément habituel dans vos photos ?
C’est le principal « cadre » dénué d’artifice. Tout ce qui est lié au culturel s’exprime dans la plupart des cas à travers la revendication ; la nature est là, simplement. Elle correspond à l’immémorial point commun originel de chacun. Elle ne se manifeste que par évidence, la seule violence qu’elle semble en apparence nous opposer tient à la résistance que nous avons pour l’aborder.

Le percevez-vous juste comme un « fond » ou est-ce un sujet à part entière ?
Ce qui est essentiel est ce qui est là, le reste est discursif. Pour moi, il n’y a pas de sujet, ou alors vous faites de la politique, de la psychologie ou l’une des nombreuses déclinaisons de la sociologie. C’est tout à fait louable évidemment, mais je ne me sens pas concerné par cela. L’explicatif n’entre pas dans le champ du ressenti, à chacun de vibrer selon sa fréquence, il n’y a rien à démontrer. Cependant la duplicité propre à la sémantique des idéologues en vogue est là pour nous expliquer que tout s’explique.

Et pour vous personnellement, le jardin est un lieu de vie, de calme, d’inspiration, … ?
J’y suis moins réceptif quand il est conditionné par des critères qui excluent le naturel au profit de la modernité du moment.

Quelle est pour vous votre vision du rapport de l’homme et de la nature ?
Beaucoup de larmes dans ma vision… j’apprends à accepter l’aigreur humaine ordinaire à principalement envisager la nature comme une stricte source d’énergie. J’ai cependant le sentiment que de plus en plus d’individus la vivent autrement, sereinement, ça réchauffe le cœur.

Côté technique, vous êtes davantage argentique ou numérique ? Est-ce que le numérique vous a bouleversé ?
La photo est un rectangle à investir, le récipient importe peu. Les usagers font ce qu’ils ont à faire, le débat sur ce sujet appartient aux moralistes et aux marchands.

Comment percevez-vous la photographie en tant qu’art ? Adhérez-vous à un courant ?
Je ne me sens pas concerné par ces questions.

Préférez-vous saisir l’instant ou le mettre en scène ?
Observer une situation participe déjà à en changer son déroulement… à partir de là, à vous de placer les critères de ce qui est mis en scène ou non.

Votre façon de photographier est-ce la représentation d’une réalité, d’une émotion, un témoignage (d’humanisme), une trace, … ?
Il s’agit d’un geste, rien de plus, ni de moins. Un geste au plus proche de la respiration liée à l’évènement qui se déroule, un geste qui prolonge, comme le vent accompagne les paysages du promeneur.
Le devoir de mémoire, la nécessité de laisser une trace, et autres velléités d’éternité appartiennent à la vanité. Préférer l’illusion flatteuse du symbole plutôt que l’éphémère intensité de la vie elle-même est à la fois mensonger et profondément morbide. Il suffit d’envisager les espèces et les civilisations disparues pour se rendre compte de la vacuité de cette revendication. Cela sert principalement la propagande névrotique consistant à ajourner l’instant à vivre dans l’espoir vain de ne pas disparaître.
Tout est dans l’instant, le reste est un paradigme totalitaire que trop de gens imposent à d’autres afin de préserver l’image qu’ils ont d’eux-mêmes.

Le noir et blanc ou la couleur, en préférez-vous l’un à l’autre et comment expliquez-vous votre choix pour Seneffe ?
Dans mon cas, il se trouve les deux. C’est un hasard.

Quelle réaction pensez-vous que le promeneur aura en voyant vos photos à Seneffe ?
Celle qui sera forcément appropriée et en relation avec eux-mêmes.

Ciel d’orage, tourbillon et silence est-ce là votre univers naturel ?
Je n’ai pas d’univers isolé, je vis dans le même réel que tout à chacun. Je me sens en phase avec ce réel quand j’en accepte le vertige de ses paradoxes. Parfois je parviens à en rendre humblement l’écho.

Que trouvez-vous dans la nature et chez les animaux que vous ne trouvez pas chez l’homme ?
L’être humain n’est pas exclu des groupes nature et animaux que vous citez. Je ne fais aucune hiérarchie entre ces éléments. Tous participent à la vie de chacun, et ce tout est indissociable de la survie de l’ensemble. Il se trouve que mon langage s’articule à partir d’une culture spécifique liée à l’espèce humaine. Par ailleurs le langage non verbal est tout aussi riche et s’adresse à encore davantage d’êtres vivants. Claude Levi-Strauss dans « Le Regard éloigné » écrivait ceci : Les problèmes posés par les préjugés raciaux reflètent à l’échelle humaine un problème beaucoup plus vaste et dont la solution est encore plus urgente : celui des rapports de l’homme avec les autres espèces vivantes. Le respect que nous souhaitons obtenir de l’homme envers ses semblables n’est qu’un cas particulier du respect qu’il faudrait ressentir pour toutes les formes de vie.

Et le fait de les prendre en photo c’est pour figer l’instant ou montrer à l’homme tout ce qu’il a perdu (voire jamais eu) ?
Je le fais car j’en ai jusqu’à présent la capacité. Je n’ai aucune vocation à convaincre quiconque de quoi que ce soit. J’essaie de partager sincèrement ce qui me tient à cœur, je l’exprime à travers le médium qui s’impose à moi en fonction de la situation.

L’homme n’existe-t-il en tant qu’humain que lorsqu’il est dans l’œuf ?
Je ne comprends pas la question.

La vie est-elle un sac de nœuds dans lequel on se débat ?
La vie est merveilleuse, fascinante, surprenante, parfois douloureuse en apparence, mais toujours pour préparer un terrain plus serein, il suffit d’y être disponible.

La photo rend-elle cette beauté des émotions et cet instant saisi et présent dans la nature ?
La photographie est un intermédiaire entre soi et le réel, elle est loin d’être indispensable pour y accéder. Pour l’heure j’en ai besoin pour y voir clair, tant mes yeux sont encore embrumés.

Préférez-vous la photo, le théâtre ou le cinéma pour vous exprimer ? Et pourquoi ? Ou chacun contribue-t-il à sa façon à vous permettre de vous exprimer artistiquement parlant ?
Chacun prolonge l’autre. Cela devient rapidement insipide de ne manger que sucré, salé, amer, etc.… Il en est de même pour la création, elle se réjouit de la pluralité du monde.

entretien avec Jean-François Spricigo et la responsable de la communication du Domaine du Château de Seneffe, avril 2015

bestiaire

2011.05.05 – 2011.07.04    Bestiaire, Galerie Maeght (Paris)

exposition collective :

Yann Arthus Bertrand
Nicolas Bruant
Jean-Marc Coudour
Michel Vanden Eeckhoudt
Elliot Erwitt
Frank Horvat
Sarah Moon
Paul Sarosta
Jean-François Spricigo
Joel-Peter Witkin

et
Peinture de Jacques Monory, sculptures de Ruth Adler

ensemble !

2012.02.28 – 2012.03.11    Crossroad Gallery (Shinjuku)
2011.07.01 – 2011.08.10    SER Gallery (Tokyo)

exposition collective :

Claude Alexandre
Martin Becka
Nadia Benchallal
Philippe Bertin
André Boulze
Pascal Elliott
Jean-Pierre Favreau
Flora
François Fontaine
François Gillet
Françoise Huguier
Irina Ionesco
Dominique Mérigard
Sarah Moon
Claude Nori
Catherine Noury
Françoise Nuñez
Bernard Plossu
Elizabeth Prouvost
Hervé Saint Hélier
Philippe Salaün
Jacqueline Salmon
Barbara Sieff
Jeanloup Sieff
Sonia Sieff
Jean-François Spricigo
Claire de Virieu

en famille

2011.05.28    –    2011.08.28    Libera Accademia di Belle Arti (Brescia, Italie)
2010.01.06    –    2010.03.04    Maison de la Culture (Tournai, Belgique)

Mon Ami
par Marcel Moreau

À l’intime de ses sens en éveil, il y a déjà ce « léger tremblement du regard » au bout duquel le visible, à coup sûr, commencera une autre vie, plus vraie que la précédente à la remorque de ses seules apparences. Le regard insiste, le « léger tremblement » de même : il en résulte un invisible dont les épiphanies s’obtiennent tantôt au « grattage », tantôt à l’« arraché, ou encore à la « caresse ».
La photographie, chez Jean-François Spricigo, semble bel et bien avoir été précédée un bref instant – l’instant d’une fulgurance – d’un regard tourné vers ses propres profondeurs, de chair et de sang. L’œil intérieur sait ce qu’il fait, et pourquoi il le fait, quand il conditionne l’acuité de sa perception à l’expérience qu’il a des plongées vertigineuses dans les fosses abyssales du corps, là où se situe tel visage englouti de lui-même au départ de toutes ses transfigurations. Je connais cela aussi en littérature, lorsque, par exemple, les mots en train de s’écrire tirent l’essentiel de leur vérité des mouvements qu’imprime à leur contenu ma vie organique, en prise sur les « entrailles » du langage. Il est des moments où un art, quel qu’il soit, n’est jamais plus péremptoire qu’au détour des « phénomènes atmosphériques » qu’il provoque en faisant se rencontrer dans une anatomie donnée la violence d’un « putsch » et la délicatesse d’une poésie.
J’ai déjà eu l’occasion de dire et d’écrire tout le bien que je pensais du talent de Jean-François, à quoi j’ajoute le prix que j’attache à son amitié. Je ne me sens pourtant pas suffisamment « de mon temps » pour accorder aux images une attention plus considérable que celle que requièrent les mots.
Mais ses images à lui ont du « vocabulaire ». Leur auteur lit, aime lire, il en reste quelque chose dans le son qu’elles émettent, pour qui a l’oreille fine. De par ce son, elles m’invitent irrésistiblement à m’y arrêter, outre qu’elles ont le don, mine de rien, de ne jamais laisser indifférente mon aventure personnelle, vécue à haute température, entre Verbe et Vénus.
J’ai évoqué à leur propos, au début de ce texte, un « léger tremblement du regard ». Léger mais point volatile, puisqu’il est à l’origine de quelque salubres perturbations, infligées à l’esprit de géométrie sitôt que ce dernier prend sa part des illusions d’optique. Que l’on me comprenne bien, par « léger », j’entends une gravité (un largo ?) mettant ses pas dans ceux d’un dansable (en somme une clairvoyance donnant des signes de lévitation… ). Quant au tremblement, son épicentre et ses répliques sont sans doute à chercher du côté d’une révolte de tous les sens devant la réalité du monde tel qu’il est et qu’il va, davantage que du côté de leur dérèglement, l’art des secousses libératrices y gagne ses lettres de noblesse.
C’est beau, fort et inaugural à la fois…

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Publication

2010

en famille, catalogue de l’exposition

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Presse papier

2010

03.09    Le Courrier

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Presse radio

2010

02.10    La Première – Journal de 13h
02.06    Musiq 3 – Journal de 13h

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Presse TV

2010

01.23    No Télé – Info HO

le cheval

2011.03.23 – 2011.04.24    le cheval, Galerie Tarquinia (Trouville-sur-Mer, France)

12 photographes issus d’une anthologie amoureusesur le thème du cheval. Ouvrage conçu et réalisé par Robert Delpire.

Exposition collective avec :

Antoine Agoudjian
Henri Cartier Bresson
Elliott Erwitt
Sarah Moon
Marc Riboud
Guy Le Querrec
Philippe Lopparelli
Sebastiao Salgado
Jean-François Spricigo
Michel Vanden Eeckhoudt
Giampaolo Vimercati
Zsuzsanna Wagenhoffer

miroirs de l’intime

2011.03.23 – 2011.04.24    Contretype (Bruxelles)

Exposition collective avec :

Jean-Paul Brohez
Michel Castermans
Thomas Chable
Daniel Desmedt
François Goffin
Philippe Herbet
Alain Janssens
Chantal Maes
Armyde Peignier
Pol Pierart
Lucia Radochonska
Jean-François Spricigo
Satoru Toma
Jean-Louis Vanesch

L’exposition réunit un choix significatif de photographies extraites de 14 expositions monographiques présentées et diffusées par Contretype entre 2004 et 2011 et ayant fait l’objet d’une publication chez divers éditeurs en Communauté française.
Plus qu’une simple compilation, il s’agit dans cette exposition de mettre en lumière les liens entre des auteurs aux pratiques très différentes et d’affirmer (encore et toujours) les spécificités de la photographie d’auteur.
Le titre choisi pour cette exposition est significatif.
Si nous retenons comme définition du mot miroir «une surface servant à réfléchir la lumière de façon à produire l’image des personnes et des choses» ou, de façon plus abstraite, «ce qui offre à l’esprit l’image, la représentation des personnes, des choses, du monde»*, nous pouvons considérer que le mot miroir est un synonyme de photographie.
Quant à la notion d’intime, elle est à prendre à la fois dans le sens d’intérieur: «ce qui est contenu au plus profond d’un être»* et dans celui de l’expression de convictions les plus profondes.
Ce qui nous éloigne définitivement d’un regard formaté pour et par les normes de la communication.
Si tout est dit, reste à voir !

Jean-Louis Godefroid

 

armonia

2011.01.20    –    2011.04.16    Chambre Claire (Annecy, France)

armonia, agencement entre les parties d’un tout, de manière qu’elles concourent à une même fin. L’harmonie des corps vivants.

Exposition de Marie Sordat et Jean-François Spricigo.

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Presse papier

2011

02.01    Réponses Photo
01.19    Le Dauphiné Libéré