toujours l’aurore

2020.09.17  –    2022.01.08    Le Parvis Espace Culturel E.Leclerc (Pau)
2017.04.07   –    2017.06.04    Galeria BWA (Katowice)
2017.01.19    –    2017.02.19    Stara Galeria ZPAF (Varsovie)
2014.11.05    –    2015.01.04    CentQuatre (Paris)

 

Cykl „toujours l’aurore” Jeana – Françoisa Spricigo, który zaprezentujemy na wystawie w Starej Galerii ZPAF, zawiera wszystkie charakterystyczne cechy fotografii belgijskiego artysty: poetycką, narrację o otwartej strukturze, złożoną z portretów gubiących ostrość rysów, lecz zatrzymujących emocjonalną prawdę o przedstawianych ludziach i zwierzętach, tajemniczych krajobrazów, nielicznych migawek z codzienności. Szczególne miejsce zajmują portrety zwierząt, ukazanych z bliska, obdarzonych wewnętrznym emocjonalno-psychicznym życiem.

Jean – François Spricigo (ur. 1979, Tournai, Belgia) jest jednym z najwybitniejszych fotografów belgijskich młodego pokolenia. Zajmuje się także filmem i jest autorem licznych utworów poetyckiej prozy. Stworzył własny, niezwykle emocjonalny język fotografii, intymny, operujący nieostrościami, wyraźnym ziarnem, zbliżeniami najbardziej wyrazistych fragmentów, ekspresyjnymi ujęciami portretowymi, nie tylko ludzi, lecz także zwierząt oraz szerokim kadrem  pejzaży. O swojej pracy mówi, że stara się wyrazić, co czuje, a nie przedstawić świat.

Wystawa powstała we współpracy Flying Gallery Foundation ze Starą Galerią ZPAF, galerią 104 w Paryżu oraz z Przedstawicielstwem Walonii i Brukseli w Polsce. Partnerami wystawy są Belgijsko – Polska Izba Handlowa oraz firma XBS. Jej kuratorkami są Clotilde Simonis – Gorska i Lena Wicherkiewicz.
Cykl „toujours l’aurore”, obejmujący 137 fotografii, został wyprodukowany przez galerię 104 w Paryżu, na wystawę, która się tam odbyła w 2014 roku.
The “toujours l’aurore” series by Jean – François Spricigo which we will present at the exhibition in the ZPAF Stara Galeria (Old Gallery), will allow viewers to fully explore the characteristic features of the Belgian artist’s photographs: the poetic, open-ended narrative, consisting of portraits with blurred features, but still retaining the emotional truth of portrayed animals and humans, mysterious landscapes, and few snapshots of everyday life. Special place is held by the portraits of animals, depicted up close, with emphasis on their inner emotional and mental life.

Jean – François Spricigo (born 1979 in Tournai, Belgium) is one of the best Belgian photographers of the young generation. He also dabbles in film and wrote numerous pieces of poetic prose. He has created his own, highly emotional language of photography; it is personal, features blurred images, visible grain, close-ups of the most distinctive pieces, expressive portrait shots, both of people and of animals, as well as wide angle shots of landscapes. He describes his work as a striving to express his feelings, and not to present the world.

The exhibition was created in collaboration of Flying Gallery Foundation with ZPAF Old Gallery, 104 gallery in Paris, and the Representation of Wallonia and Brussels in Poland. The partners of the exhibition are the Belgian Chamber of Commerce and XBS company. Its curators are Clotilde Simonis-Gorska and Lena Wicherkiewicz.

The “toujours l’aurore” series, which consists of 137 photographies, was produced by 104 gallery in Paris for the exhibition there in 2014.

en silence je l’ai aimé

un film de Jean-François Spricigo et Alexandre Tharaud
17 minutes, 2014

« en silence je l’ai aimé » est une correspondance fictive entre deux vivants, soi et l’inconnu, le loup et l’enfant, le silence et la vie. Ces échanges s’inscrivent avec des images, des mots, ma voix, autant d’insouciance traversée par la musique composée et interprétée par le pianiste Alexandre Tharaud.

texte et images : Jean-François Spricigo
musique : Alexandre Tharaud
montage : Gabriel Humeau

ensemble


atelier piloté par le CENTQUATRE-Paris et mené par Jean-François Spricigo
13 au 31 mai dans les écuries du CENTQUATRE-Paris

La question de la représentation se pose d’autant aujourd’hui que l’outil photographique est intégré à nombre d’accessoires usuels. Le plus commun, le téléphone portable, remplit à la fois la fonction de propagateur d’informations privées ou publiques (souvent l’un confondant l’autre), auquel s’ajoute fréquemment la prétention d’imposer la preuve par l’image.
La perspective du témoin moderne ne consiste pas tant à observer un évènement que de s’y faire voir.
Le « savoir-faire » importe dès lors bien moins que le « faire-savoir ».

Quelle place reste-t-il à l’humilité, précieuse amie de la lucidité ?
Comment se regarder sereinement si ce n’est en regardant mieux le monde tel qu’il est et non tel que nos peurs ou nos désirs de sécurité voudraient le réduire ?
Et si nous laissions libre l’ensemble des énergies nous traverser pour enfin oser jouer ?
La discipline, l’exigence, c’est avant tout de constater le jeu – sans feindre d’en ignorer les règles – ainsi le « je » s’exprime en dehors de la revendication, l’essentiel devient nécessaire.
Il n’y a pas plus de légitimité au ressenti du bonheur qu’à celui du malheur, cette considération évolue, voire s’inverse dans le temps. Rien à attendre ni à atteindre, simplement être à l’attention de ce qui est déjà là. Observer avant de commenter, accueillir sans craindre, constater que la satisfaction n’est pas dans la récompense.

L’exploration tranquille offre la distance appropriée, le détachement sans l’indifférence.
Je leur ai proposé cette disponibilité, ils l’ont accepté, ils l’ont investi ; c’est avec joie et émerveillement que j’ai rencontré les élèves du collège Valmy.

Jean-François Spricigo

(…) La Fatuité moderne aura beau rugir, éructer tous les borborygmes de sa ronde personnalité, vomir tous les sophismes indigestes dont une philosophie récente l’a bourrée à gueule-que-veux-tu, cela tombe sous le sens que l’industrie, faisant irruption dans l’art, en devient la plus mortelle ennemie, et que la confusion des fonctions empêche qu’aucune soit bien remplie. La poésie et le progrès sont deux ambitieux qui se haïssent d’une haine instinctive, et, quand ils se rencontrent dans le même chemin, il faut que l’un des deux serve l’autre. S’il est permis à la photographie de suppléer l’art dans quelques-unes de ses fonctions, elle l’aura bientôt supplanté ou corrompu tout à fait, grâce à l’alliance naturelle qu’elle trouvera d’être la servante des sciences et des arts, mais la très-humble servante, comme l’imprimerie et la sténographie, qui n’ont ni créé ni suppléé la littérature. (…)

Je sais bien que plusieurs me diront : « La maladie que vous venez d’expliquer est celle des imbéciles. Quel homme, digne du nom d’artiste, et quel amateur véritable a jamais confondu l’art avec l’industrie ? » Je le sais, et cependant je leur demanderai à mon tour s’ils croient à l’action des foules sur les individus et à l’obéissance involontaire, forcée, de l’individu à la foule. Que l’artiste agisse sur le public, et que le public réagisse sur l’artiste, c’est une loi incontestable et irrésistible ; d’ailleurs les faits, terribles témoins, sont faciles à étudier ; on peut constater le désastre. De jour en jour l’art diminue le respect de lui-même, se prosterne devant la réalité extérieure, et le peintre devient de plus en plus enclin à peindre, non pas ce qu’il rêve, mais ce qu’on lui impose de voir. Cependant c’est un bonheur de rêver, et c’était une gloire d’exprimer ce qu’on rêvait ; mais que dis-je ! connaît-il encore ce bonheur ? L’observateur de bonne foi affirmera-t-il que l’invasion de la photographie et la grande folie industrielle sont tout à fait étrangères à ce résultat déplorable ? Est-il permis de supposer qu’un peuple dont les yeux s’accoutument à considérer les résultats d’une science matérielle comme les produits du beau n’a pas singulièrement, au bout d’un certain temps, diminué la faculté de juger et de sentir ce qu’il y a de plus éthéré et de plus immatériel ?

Charles Baudelaire 1821-1867 / Extrait du Salon de 1859